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Libération
Critique

Britten dans les cordes de l'European Camerata

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publié le 18 février 2008 à 2h22

Tout honnête mélomane possède au moins cinq Britten : les trois Suites pour violoncelle seul gravées par Truls Mork ; quelques opéras (Peter Grimes, Billy Budd, The Turn Of The Screw, Death In Venice), dirigés par Colin Davis, Steuart Bedford, Daniel Harding, Richard Hickox ; War Requiem avec Peter Pears et Fischer-Dieskau ; Illuminations par Ian Bostridge. Liste non exhaustive à laquelle on ajoutera le nouveau CD de l'European Camerata, documentant autant son écriture de jeunesse qu'il réunit ses plus belles pièces pour cordes.

De style ou de tonalité dansante, pastorale, lyrique, méditative, voire avant-gardiste pour l'époque, les Variations sur un thème de Frank Bridge, op. 10 démontrent la variété de l'écriture pour cordes du jeune Britten. On y entend déjà l'originalité des alliages de timbres, des modes anciens ou exotiques, la beauté des mélodies et la couleur unique des harmonies ; cette façon de se couler dans des formes classiques (marche, bourrée, fugue, valse, romance) et d'épouser la complexité des rythmes modernes. C'est un portrait palpitant et complexe du maître par son meilleur élève, conciliant pointe sèche et enluminures vertigineuses, respirant avec ampleur et lyrisme océanique. Tout aussi engagée et évocatrice est l'interprétation des Lachrymae sous influence Dowland, par le soliste Jean-Paul Minali-Bella, pour qui Laurent Quénelle, fondateur de l'European Camerata, a conçu cet album.

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