Menu
Libération
Interview

«L'administration n'est pas méfiante, elle a une obligation de prudence»

Article réservé aux abonnés
publié le 18 février 2008 à 2h22

Ministre de la Culture, Christine Albanel plaide pour la mainmise de l'Etat sur la recherche et les archives de la spoliation.

Accrocher les tableaux à Jérusalem, est-ce une manière pour la République d'évacuer un problème difficile ?

En aucun cas. C'est un devoir de mémoire. La France n'a rien à cacher, nous exposons le résultat de soixante ans de recherches sur les oeuvres d'art pillées en France pendant la guerre. Naturellement, ce travail de restitution est complexe et exigeant. Quelques cas ont fait l'objet de litiges, mais la politique constante a toujours été très claire : ces oeuvres sont disponibles pour être restituées.

Ne vaudrait-il pas mieux relancer les recherches ?

Je ne suis pas d'accord avec vous. Tous les MNR sont répertoriés et font l'objet de permanents travaux. L'exposition à Jérusalem en est la meilleure preuve.

L'Etat n'est-il pas juge et partie ?

Sur un sujet aussi sensible, quelle autre structure peut présenter les meilleures garanties d'impartialité ? Les recherches menées depuis dix ans ont permis la restitution d'une trentaine d'oeuvres et pas des moindres, un Cézanne, un Léger, un Picasso.

Pourquoi se montrer si méfiant devant les demandes de restitution ?

L'administration n'est pas méfiante, elle a une obligation de prudence. Il faut rassembler le maximum d'indications permettant d'établir une quasi-certitude sur l'appartenance des oeuvres aux familles concernées, car il serait très grave de restituer par erreur une pièce qui serait ensuite revendiquée