Le palmarès de la 58e Berline a surpris tout le monde. Le jury, présidé par Costa-Gavras, a en effet accordé l'ours d'or à un film brésilien controversé, Tropa de Elite de José Padilha. La presse dans son ensemble a rejeté cette fiction tapageuse sur une escouade de policiers à Rio. Les jeunes membres, guerriers incorruptibles du Bataillon des opérations spéciales de la police (Bope), en uniforme noir marqué d'une tête de mort (d'où leur surnom de «caveiras») font le ménage à la mitraillette dans les favelas où ils tirent sur les dealers surarmés et sur les collègues ripoux.
Musique hard rock à fond, esthétique MTV, montage stressé, caméra ivre, Tropa de Elite est le plus gros succès 2007 du cinéma brésilien, avec 2,5 millions d'entrées. Avant même sa sortie en salle, plus de 30 000 DVD pirates s'étaient écoulés à Rio et São Paulo. Montré en avant-première en septembre au festival de Rio, le film a déclenché dans les salles des réactions pour le moins malfaisantes : ricanements lorsqu'une travailleuse sociale, qui a un peu trop fumé d'herbe avec les trafiquants, est tuée d'une balle dans la tête, éclats de rire aux scènes de torture, notamment lorsqu'un gosse avoue sous peine d'être sodomisé avec un bâton. Tropa de Elite est la version filmée du livre d'un anthropologue, Luiz Eduardo Soares, et de deux ex-flics, Batista et Pimentel (qui cosigne le scénario).
Brutalité. Ils s'étaient rencontrés quand le réalisateur tournait Bus 174, documentai