Cela commence par un moment solennel, un hommage rendu à deux enfants morts, Bouna et Zyed, électrocutés dans une centrale EDF. Sur quoi vient un flot d'images, d'immeubles qui s'écroulent, de mots qu'on reconnaît dans la bouche des ministres de l'Intérieur successifs ( Jean-Pierre Chevènement, Nicolas Sarkozy), et puis quatre racailles, masquées, cachées par la pénombre, interpellent les spectateurs du Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, les engueulent, au point que nous revient en mémoire la chanson «républicaine» de Boris Vian : «On n'est pas là pour se faire engueuler/On est là pour voir le défilé».
Cortex. Vive la France, premier volet de l'épopée de Mohamed Rouabhi, est un kaléidoscope qui traverse les époques, un montage d'archives télé et radio qui a pour objet de regarder à l'intérieur d'une société française éprouvant du mal à regarder en face son histoire. Metteur en scène, issu de la diversité, comme on dit en jargon politique, Mohamed Rouahbi n'en finit pas de sonder son cortex de Français né à Paris de parents algériens, élevé dans le 9-3. Après avoir travaillé en Palestine, monté avec sa compagnie Les Acharnés un spectacle sur le leader noir américain Malcolm X, plongé dans l'histoire du 17 octobre 1961, l'acteur-metteur en scène transpose sur un plateau, avec une vingtaine de comédiens, danseurs, chanteurs et slameurs acquis à sa vision, l'ensemble des impressions, ressentis, analyses, des enfants issus de quartiers populaires, de l'immigr