Dans d'oscurs temps reculés, la boutique qui ornait la sortie d'un musée était une échoppe de cartes postales à vocation culturelle. Aujourd'hui, c'est au mieux une caverne d'Ali Baba. Et au pire, l'annexe chic d'une grande surface. Le concept s'est dilué au fil des années. On y trouve de tout : des reproductions d'oeuvres et des livres d'art bien sûr, mais aussi une avalanche de bijoux fantaisie, d'étoles en soie, de porcelaines, de vaisselle. Et même des tongs à l'effigie de la Joconde ou des gâteaux tricotés en laine.
Au Palais de Tokyo à Paris, lieu d'art contemporain, la plasticienne Aurélie Mathigot expose un festin de sucreries crochetées et tricotées : de 50 euros la religieuse à 550 euros la pièce montée jaune et rose. Chérot certes, mais l'endroit n'est pas la boutique ordinaire. Il a été confié au graffiti-artiste André. Les objets sont enfermés dans des vitrines-frigos car le jeune homme a voulu reproduire le décor d'une station-service de Stockholm, sa ville natale. Ça sent étrangement la guimauve et la barbe à papa. C'est l'univers du gadget, des vieilles baskets, des figurines de rockers, de super-héros japonais, bref des trentenaires en pleine régression adolescente.
Princesse. Bien loin de cet ensemble déjanté, le musée Jacquemart-André, son hôtel particulier du XIXe siècle, ses collections du XVIIIe, dans le chic ouest de Paris. La boutique tente de s'aligner sur cette débauche de raffinement. Des effluves de savons odorants chatouillent les narines dès l'ent