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Interview

Marc Jacobs "Nous avons les mêmes références"

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Le directeur artistique de Louis Vuitton est le seul qui soit parvenu à «apprivoiser» Richard Prince. Admirateur sincère de l’artiste américain, le couturier a fait pénétrer son univers dans une institution mondiale du luxe. Leur collaboration a accouché d’une première collection pour le printemps/été 2008. A quelques jours de son défilé, Marc Jacobs revient sur les liens entre l’art et la mode, et détaille son travail avec Richard Prince.
publié le 29 février 2008 à 2h25

Je connais Richard depuis environ dix-sept ans. Il me semble que je l’ai rencontré la première fois avec Kim Gordon, de Sonic youth. Ou bien était-ce après un concert des Rolling Stones à Paris ? Je ne sais plus... Mais en tous cas, j’ai toujours adoré son travail. Nous avons les mêmes références. Ce sont celles de la vie américaine de tous les jours. Je suis très sensible à son sens de l’humour. J’aime sa façon de s’approprier les choses, de les changer, de mettre leur banalité en avant, de détourner voire de détruire leur but original.

L’IRONIE

L’important, ce n’est pas ce qui m’amuse ou ce qui me plaît, c’est que les clients au final achètent le résultat de notre travail. Reste que dans notre collaboration, il y a une certaine dose d’ironie à peine dissimulée. Parmi les blagues que nous avons reproduites sur les sacs, certaines jouent sur le cliché éculé des femmes très dépensières. Mon plaisir, un peu pervers, serait de voir dans la rue une de ces femmes portant un de ces sacs au bras. Je voulais créer quelque chose de très attractif et d’intriguant à la fois.

MURAKAMI/PRINCE

Tous les deux sont des types très cool et de grands artistes. Mais je pense que la perception qu’en a le public est différente. Parce que le travail de Murakami est très coloré, les gens ont tendance à ne retenir que son côté décoratif. Celui de Richard fait appel à d’autres ressorts : pour bien le comprendre, il faut avoir un esprit un peu pervers, un peu ironique. Mais je peux me tromper, peut-être qu