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Libération

Chanel fait tourner son manège

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publié le 1er mars 2008 à 2h32

C'est un cri du coeur venu d'une journaliste française parmi les plus affûtées du milieu. «J'ai un orgasme fashion», lâcha-t-elle sur le parvis du Grand Palais au sortir du défilé Yves Saint Laurent. Pour ceux qui n'ont pas eu la chance d'assister aux préliminaires qui provoquèrent cet émoi, il faut revenir sur le coup de maître de Stefano Pilati, le directeur artistique de la marque, qu'on n'avait jamais vu jusque-là oser une collection aussi radicale.

Au premier passage, on vit donc arriver une jeune fille, les yeux masqués par des lunettes de soleil new wave et futuriste (genre Devo sur la Riviera), les lèvres peintes de noir. Et derrière elle, suivit une armée de répliquantes échappées d'un Blade Runner version minimaliste. Car c'est un futurisme austère (rappelant celui des artistes italiens du début du XXe siècle) qui parcourut toutes les pièces de cette collection hors concours.

Des lignes et des formes géométriques, beaucoup de tweed, gris ou noir, des pantalons et quelques robes comme ce modèle immaculé sur lequel s'alignaient de légères plumes noires. Ou cet autre, jaune et noir, d'une simplicité et d'une rigueur totale. Un show d'une audace insensée quand on connaît les contraintes commerciales qu'impose la direction d'une grande marque. On parlerait volontiers de rupture, si ce terme n'avait été galvaudé par d'autres.

Le lendemain, au même endroit, Kate et Mary Olsen, étranges jumelles tout en blondeur et maigreur hollywoodienne, prenaient place