Danse
Ce n'était pas prémédité mais, en une soirée à Bonlieu, scène nationale d'Annecy, on a vite compris que le politique se frayait une nouvelle place sur la scène contemporaine. Avec Loin. autoportrait de Rachid Ouramdane et Text to Speech de Gilles Jobin, le public est propulsé sur les autoroutes de l'information, de la propagande. Les deux spectacles sont très différents dans la facture, l'esthétique, et pourtant ils se saisissent l'un et l'autre de la question de l'engagement, comme s'il s'agissait de réinjecter du politique sur le plateau pour ramener la culture dans le débat.
Le Suisse Gilles Jobin donne dans la politique fiction, imaginant, sans doute pour mieux prouver que son pays n'est pas si neutre, qu'une guerre entre catholiques et protestants se déclenchait à Genève. A partir de cette blague suisse, le chorégraphe met en scène sa table rouge, en référence à la prémonitoire Table verte de Kurt Jooss (1932). Elle est encombrée d'ordinateurs qui traitent l'info en direct. Cette autoroute de l'information traverse les salons les plus feutrés. Les écrans diffusent, outre les nouvelles les plus morbides, de bonnes flambées qui crépitent dans l'âtre. La scène est encombrée, les corps sont exposés, dans tous les sens du terme. Au tohu bohu des news et autres brèvouilles qui annoncent les morts à Bagdad, Jobin oppose le luxe, le calme et la volupté de la flambée sur ordi. Evidemment c'est une blague suisse.
Le solo de Rachid Ouramdane (photo), qui ut