C'est à Berlin que Megumi Fukuda a connu un choc esthétique, comme s'il y
avait une correspondance entre Hiroshima, sa ville natale, et cette jumelle
allemande mise à terre par la Seconde guerre mondiale. Megumi plante des
fleurs artificielles. Elle commence son travail à Hiroshima dans la maison de son
grand-père restée vide durant dix ans. "Avant sa mort, son jardin était inondé de
fleurs." Après la guerre, il a cherché à faire repousser les végétaux sur la terre
brûlée par la bombe. Soixante ans plus tard, en 2004, Megumi sature l'espace
familial de milliers de fleurs artificielles. Elle poursuit son oeuvre à Berlin, plantant
cette fois des tulipes. "Je passe des journées à parcourir la ville à vélo pour choisir
des endroits un peu déserts, qui vont disparaître."Durant un an, elle réalise une
trentaine de "jardins éternels" à durée limitée.
A 31 ans, Megumi est une sorte d'ovni selon les normes japonaises: elle n'est pas
mariée, elle n'a pas d'enfant, elle est coiffée d'un béret illuminé d'une étoile rouge.
"A Hiroshima, je travaillais dans une agence de design, je gagnais bien ma vie
mais je n'avais pas une minute à consacrer à mes recherches personnelles. Au
Japon, on n'a pas de temps pour soi. En 2004, j'ai décidé de vivre à Berlin pour
devenir artiste." Depuis deux ou trois ans, une communauté japonaise se met en
place. Jeune et encore fragile, elle est représentée par un consortium à but
artistique. Lancée en 2007 par Shintaro Miyazaki et Eri Kawamura, La condition
japonaise (en frança