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Libération

"DES JOURNEES À PARCOURIR LA VILLE EN VELO"

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publié le 8 mars 2008 à 2h45

C'est à Berlin que Megumi Fukuda a connu un choc esthétique, comme s'il y

avait une correspondance entre Hiroshima, sa ville natale, et cette jumelle

allemande mise à terre par la Seconde guerre mondiale. Megumi plante des

fleurs artificielles. Elle commence son travail à Hiroshima dans la maison de son

grand-père restée vide durant dix ans. "Avant sa mort, son jardin était inondé de

fleurs." Après la guerre, il a cherché à faire repousser les végétaux sur la terre

brûlée par la bombe. Soixante ans plus tard, en 2004, Megumi sature l'espace

familial de milliers de fleurs artificielles. Elle poursuit son oeuvre à Berlin, plantant

cette fois des tulipes. "Je passe des journées à parcourir la ville à vélo pour choisir

des endroits un peu déserts, qui vont disparaître."Durant un an, elle réalise une

trentaine de "jardins éternels" à durée limitée.

A 31 ans, Megumi est une sorte d'ovni selon les normes japonaises: elle n'est pas

mariée, elle n'a pas d'enfant, elle est coiffée d'un béret illuminé d'une étoile rouge.

"A Hiroshima, je travaillais dans une agence de design, je gagnais bien ma vie

mais je n'avais pas une minute à consacrer à mes recherches personnelles. Au

Japon, on n'a pas de temps pour soi. En 2004, j'ai décidé de vivre à Berlin pour

devenir artiste." Depuis deux ou trois ans, une communauté japonaise se met en

place. Jeune et encore fragile, elle est représentée par un consortium à but

artistique. Lancée en 2007 par Shintaro Miyazaki et Eri Kawamura, La condition

japonaise (en frança