Texte Seb Carayol
PhotosKatie Callan
Sous le pont de Flower Street, des
billets changent de main. Cinq
dollars par personne tête de pipe
qui s'aligne au départ de la course.
Joe, organisateur et coursier à vélo
de son état, collecte les fonds et note sur une
feuille le nom de chaque participant. Difficile :
ça crie, ça picole et ça fume dans ce décor très
Blade Runner que les skaters ont rebaptisé
"piss benches" à cause des bancs qui servent
d'urinoirs aux SDF du coin. Pas vraiment l'ambiance
critérium pour cyclistes. Normal, en
même temps : ce ne sont pas des compétiteurs
normaux, la course à laquelle certains vont
prendre part est illégale. Dix boucles nocturnes
en plein downtownde Los Angeles, avec portions
à contresens et cache-cache avec la police.
Pas de doute, l'esprit street a enfin attaqué
l'abomination suprême : le short en lycra.
Radical.Pour punkiser ce milieu d'athlètes, il lui
a fallu des vélos un peu spéciaux : les fixed gear
bikes, la nouvelle folie dans les rues de LA; en
fait, des bicyclettes de piste au look vintage ultra-
depouillées et normalement destinées aux
seuls vélodromes. Spécificités : ultra rapides,
ultra simples et... sans freins. Enfin, si : il n'y a
pas de roue libre sur un fixed, le pédalier est directement
lié à la roue arrière. Si on pédale en
arrière, la roue tourne à l'envers. Pour ralentir,
il suffit de pédaler moins vite ou de bloquer le
pédalier. Facile à dire. "Le secret, c'est de mettre
tout son poids au-dessus de la roue avant", explique
Jim C., ex-bike messenger e