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Libération
Reportage

Rétropédalage en Californie

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Esprit punk et vélos de course ? La rencontre de ces deux mondes s'est faite sur la selle des "fixed gear bikes", ces bicylettes vintage sans freins ni roue libre, dangereuses mais si sexy à customiser. A Los Angeles, le "fixed" est devenu l'objet culte de l'underground. Reportage.
publié le 8 mars 2008 à 2h45

Texte Seb Carayol

PhotosKatie Callan

Sous le pont de Flower Street, des

billets changent de main. Cinq

dollars par personne tête de pipe

qui s'aligne au départ de la course.

Joe, organisateur et coursier à vélo

de son état, collecte les fonds et note sur une

feuille le nom de chaque participant. Difficile :

ça crie, ça picole et ça fume dans ce décor très

Blade Runner que les skaters ont rebaptisé

"piss benches" à cause des bancs qui servent

d'urinoirs aux SDF du coin. Pas vraiment l'ambiance

critérium pour cyclistes. Normal, en

même temps : ce ne sont pas des compétiteurs

normaux, la course à laquelle certains vont

prendre part est illégale. Dix boucles nocturnes

en plein downtownde Los Angeles, avec portions

à contresens et cache-cache avec la police.

Pas de doute, l'esprit street a enfin attaqué

l'abomination suprême : le short en lycra.

Radical.Pour punkiser ce milieu d'athlètes, il lui

a fallu des vélos un peu spéciaux : les fixed gear

bikes, la nouvelle folie dans les rues de LA; en

fait, des bicyclettes de piste au look vintage ultra-

depouillées et normalement destinées aux

seuls vélodromes. Spécificités : ultra rapides,

ultra simples et... sans freins. Enfin, si : il n'y a

pas de roue libre sur un fixed, le pédalier est directement

lié à la roue arrière. Si on pédale en

arrière, la roue tourne à l'envers. Pour ralentir,

il suffit de pédaler moins vite ou de bloquer le

pédalier. Facile à dire. "Le secret, c'est de mettre

tout son poids au-dessus de la roue avant", explique

Jim C., ex-bike messenger e