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TOTAL DESIGN

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Bienvenue dans l'ère de la production de niche ! Après des années de consommation de masse, l'homme du XXIe siècle exige des produits personnalisés. Cette logique narcissique étant poussée à l'extrême, l'"emballage" est appelé à jouer un rôle plus important que le produit.
par Hal FOSTER
publié le 8 mars 2008 à 2h45

Le designer jouit d'une domination

sans précédent, qui s'étend

aux entreprises les plus diverses

(de Martha Stewart à

Microsoft) et à tous les groupes sociaux.

Il n'est plus nécessaire aujourd'hui d'être

indécemment riche pour exister comme

sujet designant et designé ­ que le produit

en question soit votre maison ou

votre entreprise, votre visage affaissé (design

chirurgical) ou votre personnalité fatiguée

(design de médicaments), votre

mémoire historique (design de musée) ou

l'avenir de votre ADN (design d'enfant).

Ce "sujet designé"serait-il le rejeton non

désiré du "sujet construit", tant vanté par la culture

post-moderne ? Une chose en tout cas est sûre : alors

que l'on pensait que le circuit consumériste ne pouvait

aller plus loin dans sa logique narcissique, il y est

parvenu. Le design favorise l'avènement d'un circuit

de production et de consommation en voie d'atteindre

la perfection, sans laisser beaucoup d'"espace

de jeu"pour quoi que ce soit d'autre. [...]

Le monde du design total est donc loin d'être neuf :

imaginé par l'Art nouveau, il fut redéfini par le Bauhaus,

et s'est répandu depuis sous forme de clones

institutionnels et de marchandises de contrefaçon.

Mais il n'a vraiment trouvé son aboutissement que

dans notre présent pancapitaliste. Il n'est pas difficile

d'expliquer pourquoi. Au temps de la production

de masse, la marchandise était sa propre idéologie,

la Ford T sa propre publicité. Son principal attrait résidait

dans l'abondance du même. Mais bientôt cela

ne fut plus suffisant. Il fal