Sarah Elbo est une grande fille blonde vive et délurée. "J'aime beaucoup mon
pays natal, dit-elle. C'est propre, stylé et cool, mais on s'y ennuie beaucoup. Tout
est pareil. Même maison, même lampe, même table, la différence vient
seulement d'une nuance dans les beiges." Elle abandonne donc son Danemark
"trop propre, trop normal" pour un Berlin "un peu cassé, un peu rebelle, pas
vraiment léché". "Quand je me suis installée dans cette ville il y a onze ans, on me
regardait avec des yeux ronds. Aujourd'hui, tout le monde débarque ici.
200000Danois ont acheté un appartement ces deux dernières années."En
2002, elle se lance dans la mode et crée sa propre marque. "A Paris ou à New
York, les créateurs qui n'ont ni argent ni relations peuvent aller se faire voir. Il est
plus facile d'ouvrir des portes ici, même si elles ne mènent pas forcément très
loin."Paradoxalement, Sarah Elbo ne croit pas vraiment à l'avenir de Berlin
comme capitale de la mode. Pas assez professionnelle, pas assez renommée,
pas assez stylée. "Je me présente comme une styliste danoise qui vit à Berlin et
non comme une styliste berlinoise", précise-t-elle. Fabriqués en Allemagne, ses
vêtements se vendent un peu en Allemagne mais surtout à l'étranger
(Scandinavie, New York, Hollande ...). Le mois dernier, elle est allée présenter sa
nouvelle collection à Copenhague, alors qu'une semaine auparavant se déroulait
la fashion week de Berlin. "La ville est encore trop pauvre, il n'y a pas assez
d'acheteurs à venir ici." Habiter Berlin et