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Critique

WES ANDERSON, CINEASTE "INDE-DEPENDANT"

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publié le 8 mars 2008 à 2h45

Qu'il s'abrite derrière le loufoque n'a pas suffi : son

cinéma respire l'intelligence à chaque plan. Aussi, quand on

demande à Francis Ford Coppola qui, à ses yeux, symbolise

aujourd'hui la liberté absolue dans le cinéma américain, l'ogre

ne consent à livrer qu'un seul nom : Wes Anderson. Et c'est le

même nom du même jeune homme au génie subtil qui

revient dans la bouche de ses comparses générationnels

James Gray et Paul Thomas Anderson (qui n'est pas son

frère). Wes Anderson est un frêle trentenaire élégant (il a ses

entrées dans la mode, des alliés comme Marc Jacobs ou Jean

Touitou/APC) aux allures de gosse en qui beaucoup,

longtemps, n'ont vu qu'un amuseur surdoué, un doux dingue.

Jusqu'à l'éclat délirant et élégiaque de La Vie aquatique il y a

trois ans. Alors qu'aujourd'hui sort son quatrième film, A bord du Darjeeling Limited, deux camps s'affrontent : il y a les

blasés, qui lui reprochent déjà de faire du Wes Anderson. Et il

y a ceux, comme nous, qu'il a fallu faire sortir de la salle de

projection. Parce qu'à force de rire, on gênait. Car tout dans

cette expédition aux Indes de trois frères d'une élégance

toute ahurie nous emporte : la grandeur racée d'Adrian

Brody, la raideur panique de Jason Schwartzman

(coscénariste du film), la figure cassée d'Owen Wilson, les

caméos de Bill Muray, de Barbet Schroeder et de Natalie

Portman, les bizarreries autorisées (dix minutes de prologue

dans un hôtel parisien !). Sans parler de cette obsession

inattendue pour un vieux morceau de Peter Sarstedt,

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