Notre truc, c'est le bruit, mais un bruit qui enveloppe, qui élève.» Et abrite les petits miracles répétés de Street Horrrsing, le premier album des Britanniques de Fuck Buttons, belle surprise de cette fin d'hiver et - à voir les vidéos lâchées sur Internet - potentielle sensation scénique estivale.
Le duo, composé d'Andrew Hung et Benjamin John Power, s'est formé en 2004 à Bristol, ville marquée par le punk tribal du Pop Group dans les années 80, puis par les ondes trip-hop de Portishead et Massive Attack dans la décennie suivante. Des influences tranquillement digérées par Hung et Power. Les deux amis d'enfance s'étaient perdus de vue, avant de se retrouver à la Bristol School of Art. «Andy avait réalisé un court métrage et avait besoin d'une musique, raconte Benjamin John Power. On s'est lancés et on ne s'est plus arrêtés.»
Partis d'un son «âpre et nihiliste» proche du bruit blanc abstrait, le duo est vite revenu vers la lumière en prenant à contre-pied les codes du drone métal à la base de leur musique. Fini de regarder ses pieds pendant que des montagnes de boucles électriques créent une tectonique sonore rejetant tout futur. Les compositions, jouées aux claviers et aux machines trafiquées, ont «commencé inconsciemment à sourire, à devenir un peu psychédéliques», à se concentrer sur «les aspects les plus positifs du bruit».
L'univers très spatial de Fuck Buttons aime ainsi enfouir ses sourires profondément sous la furie. A l'image