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Libération
Critique

Stramm, ombres de choc

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publié le 18 mars 2008 à 2h44

On comprend bien ce qui a pu pousser Bruno Meyssat à choisir une pièce pareille. «Dans Forces, écrit le metteur en scène, les choses, les lumières, les sons, sont des entités capables d'agir ; le texte commence par une didascalie : 'Les arbres du parc projettent des ombres à travers les fenêtres et la porte', rappelant qu'il faut prendre au sérieux la vie de l'inanimé ou plutôt la présence de l'âme en toutes choses».

Cette «présence de l'âme en toutes choses» est au coeur de toutes les recherches du fondateur du théâtre du Shaman, créateur de pièces sans paroles, où les objets - planches, tissus, cailloux. - sont investis d'un pouvoir magique. Dans cet univers fantomatique, le sens est moins affaire de logique, que d'affleurements ou d'effondrements, et la vérité, toujours en deçà et au delà de l'ordre du discours.

Sans surprise, ce théâtre d'images, d'apparitions et d'échos, ne fait pas très bon ménage avec les textes, même quand ils sont signés Strindberg ou Beckett.

Bruno Meyssat est moins à l'aise avec les mots des autres, qu'avec ses propres silences. Cette fois, grâce à August Stramm, il semble avoir trouvé la partition manquante. Stramm: encore un auteur allemand méconnu, exhumé en grande partie grâce aux traducteurs Huguette et René Radrizzani, auxquels on doit déjà la (re)découverte de l'oeuvre de Hans Henny Jahn (1894-1959).

Né en 1874, August Stramm, inspecteur des postes à Berlin, fut saisi, trois ans avant sa disparition, du «démon de la poés