Lac glacé, ciel gris blanc, une légère absence flotte. Assis à la fenêtre de l'Auberge du lac de Guéry, Murat est raccord avec le paysage, barbe oubliée blanchissant doucement son regard glacier, bon vieux pull contre le froid. Il rentre «du boulot», entendre Paris.
Là-bas, le chevalier Murat est parti défendre Tristan, du nom de son nouvel album qui paraît lundi, en disant comme toujours ce qu'il pense, et même un peu plus. Des fois que le bouclier des mots suffise à ce qu'on lui foute la paix, à défaut d'être vraiment utile dans la croisade qu'il mène à ses heures contre la complaisance généralisée.
Son humeur est redescendue. Il a retrouvé sa femme, Justine et Gaspard le plus petit, les lapins et les renards. Sa bulle verte, brune et anthracite, absolu de coin perdu au pied du massif du Sancy où il vit depuis quinze ans. «J'ai une double vie : papa jusqu'à 20 heures, luge, promenade et crêpes au chocolat, après je commence ma journée de chanteur.»
Ménestrel. Père tout neuf et déjà grand-père, le rôle de pater familias l'a ancré. Sa voix claire sur l'album le dit. A la différence de Lilith, écrit debout et à la mitraillette, Tristan«pue la chaise». L'homme s'est rassis. Pour laisser parler l'autre lui-même du XIIe siècle qui l'habite de toujours, ménestrel aux yeux pers (gris bleu) sonnant de sa harpe pour se divertir - «s'ébanoyant à contrefaire le pépiement des oiselets, la mélodie et le fleuretis du rossignol».
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