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Libération
Critique

«Wozzeck» dans une cafétéria

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publié le 1er avril 2008 à 2h56

L'opéra est devenu un terrain de jeu pour metteurs en scène ; bien plus lucratif, à croire les confidences de certains d'entre eux, que le théâtre. Sur l'affiche géante couronnant le bâtiment de l'Opéra Bastille depuis un mois, ce n'est pas le visage d'un pauvre hère meurtrier qui annonce Wozzeck, mais une sorte de Kinder Surprise. Comme si l'opéra de Berg ne racontait pas la déréliction et la folie d'un homme, mais un drame contemporain de l'enfance, celui du très jeune fils de l'antihéros qui finira orphelin.

Wozzeck ainsi présenté serait-il plus vendeur en 2008 ? De toute évidence, oui, à voir les 3 000 spectateurs ayant applaudi la première de la nouvelle production signée Christoph Marthaler, un mois après la bronca ayant accueilli celle du Parsifal monté par Warlikowski. Il est vrai que le metteur en scène suisse a limité, si l'on peut dire, la casse, en comparaison avec ses dernières Noces de Figaro ou sa Traviata singeant la Môme à Garnier.

Fidèle à sa manière, Christoph Marthaler prend le parti d'un décor unique d'auvent de toile, abritant une sorte de restaurant de fête foraine. Les adultes s'y déchirent, tandis qu'au-dehors, les enfants sautent sur des trampolines. Les conséquences dramaturgiques de cette traduction contemporaine sont infinies : la distinction entre sphères privée et publique étant abolie, Wozzeck, garçon de café et non plus soldat, n'a plus de maison ; toutes les actions de son drame, même l'adultère de sa