Quand elle était enfant, Alena Akhmadullina participait à des compétitions de biathlon dans la forêt russe. Ski de fond et tir à la carabine, elle mettait toute sa détermination à passer la première la ligne d’arrivée. «J’habitais une petite ville près de Saint-Pétersbourg, je me souviens des gros sapins, du sable blanc au bord du golfe de Finlande.» Vingt ans plus tard, Alena Akhmadullina est une jeune femme pressée le nez plongé dans son iPhone. A dix minutes du coup d’envoi de sa collection hiver, elle jette un ultime coup d’oeil au petit écran tactile. Elle relève le nez, visage fermé, joues mangées par le stress. Dans les coulisses, elle ajuste la mini-robe en laine d’une fille prête à être happée par le podium. Backstage, c’est un peu le foutoir. Les mannequins, toutes russes aux jolies pommettes et corps allongés, ont mal aux pieds d’avoir défilé toute la semaine. Avec un talon filiforme comme une aiguille et une assise étroite comme un pont sur la rivière Kwaï, les chaussures en écailles dessinées par Alena Akhmadullina se révèlent vertigineuses à porter. L’instant d’avant, la pression était montée d’un cran avec l’arrivée de trois inspecteurs de la répression du travail illégal. Vérification des contrats de chaque top model, nom, âge, numéro de passeport. Entre coiffeurs, souffle de brushing et pinceaux de maquillage, l’assistante et bras droit d’Alena, Ekaterina Sycheva, vole après chaque fille.
Essayages. La veille, les deux jeunes femmes procédaient aux derniers e