Son tatouage sur le poignet droit n’est pas terminé. On distingue vaguement une fourche. Ou bien bien un dragon ? Un signe cabbalistique ? En tout cas, le dessin inachevé et gravé dans la peau de Riccardo Scamarcio ajoute un peu plus à l’impression de voyou pasolinien que dégage l’acteur italien. L’histoire de ce tatouage résume assez bien le destin de ce brun ténébreux catapulté au top du cinéma italien puis européen. Il raconte aussi le fil ténu qui sépare l’anonymat où grenouillent les jeunes acteurs et le territoire très fermé du gotha international.
Mini-gang. A l’époque où Riccardo tend son bras devant l’aiguille du tatoueur, il a une vingtaine d’années. Il a quitté depuis quelques années Andria, cette ville des Pouilles où il passé toute son adolescence et où les distractions se limitaient aux séances de cinéma dans les deux salles de cette bourgade . A Rome, il est inscrit à l’Ecole nationale du cinéma, insitution réputée qui attire aussi bien les aspirants à la célébrité que les mordus de cinéphilie. Riccardo est un peu les deux, mais pour lui, s’installer à Rome est un choc. «Je débarquais de ma campagne, et je me suis laissé séduire par toutes les tentations possibles.» Très vite, il sèche les cours et forme avec trois de ses amis un mini-gang «à la vie, à la mort», aux activités souvent illicites. Pas de grands voyous, aux dires de Riccardo, pas des anges non plus. Ils sortent beaucoup, traficotent à droite à gauche. Les nuits blanches que passe Riccardo dans le