Avec Fragments, Peter Brook reprend en partie un spectacle créé en 2006, à l'occasion des célébrations du centenaire de la naissance de Samuel Beckett. En partie seulement, car le jeu de textes courts n'est pas tout à fait le même. A Fragment de théâtre I et Berceuse, qui figuraient déjà au générique, Brook a ajouté Acte sans parole II, Va-et-vient et Ni l'un ni l'autre. Ce dernier, Neither en anglais, est un petit bout de livret de quelques phrases (publié en 1991 dans Pour finir encore et autres foirades) écrit en 1975 pour toute réponse à une commande de l'Opéra de Rome, où le compositeur Morton Feldman réussit l'exploit d'en tirer une oeuvre constituée. Une vraie curiosité.
Détresse. Ici, Peter Brook l'insère entre deux textes de nature différente, en un jeu d'écho subtil avec Berceuse interprété par la même fascinante actrice, Kathryn Hunter, qui ne faisait pas partie de la distribution en 2006. Qu'on préfère la version anglaise ou la française, c'est toujours du pur Beckett puisque le dramaturge, qui écrivait alternativement dans les deux langues, se traduisait lui-même.
Conçus parfois à vingt ans d'écart, ces cinq dramaticules, puisés au corpus peu fréquenté de l'oeuvre beckettienne, ont pour trait commun une acuité ravageuse et un humour dont la férocité n'a d'égal que la détresse dans laquelle se trouvent les personnages. Une suite de variations sur le même thème. Peter Brook, qui jusque-là n'avait monté du prix