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Libération
Critique

«Vestis», labeur de pointes

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publié le 14 avril 2008 à 3h05

Les pointes ont toujours été présentes dans les pièces de Raphaëlle Delaunay, sans doute parce qu'elle les éprouva pendant sa formation à la Royal Academy de Londres, puis à l'école de danse de l'Opéra de Paris, dont elle finit par intégrer le ballet.

Pour sa nouvelle création, présentée à Brest et en ce moment à Chaillot, elle fait de ces objets emblématiques du classique le centre même de sa pièce, non pour les sublimer, mais pour les désigner dans leur fonction première : la mise en valeur de la jambe féminine et, ce qui va de pair, la fétichisation de l'objet de torture. Car tenir un pied dans un chausson de bois n'est pas une affaire de plaisir.

Ce travail laborieux, Raphaëlle Delaunay le couple avec une autre classe ouvrière de la scène : les petites mains. Vestis est ainsi un hommage à toutes les abeilles laborieuses qui contribuent au succès des ballets. En étroite complicité avec la costumière Agathe Delabre, qui coud en direct et en temps réel, la chorégraphe danseuse mesure tous les espaces possibles de sa libération, des chaussons - qu'elle flanque sur la tête en une coiffe très décalée - au bustier, dont les liens se défont furieusement. Agathe Delabre, qui dessine à même le sol des patrons, invente une majestueuse robe de scène fabriquée avec des bleus de travail.

Quant au chanteur basque Beñat Achiary, également convié, ses airs donnent de l'ampleur aux espaces confinés de la fabrication. Les abeilles font ici cause commune avec les petits rats. La danse