Ne jamais penser que les produits qu'on voit sur les rayons des supermarchés sont là par hasard. Si des professionnels les y ont placés, c'est que des gens les achètent. Aussi, tous ces tubes d'hydratants, de contour des yeux ou d'exfoliants pour hommes ne figurent-ils pas sur les linéaires juste pour inciter quelques avant-gardistes à ouvrir la voie. Ils sont là parce qu'ils se vendent. En masse. Sans trop de difficulté. Et beaucoup plus en tout cas, que ce que l'on subodorait en n'ayant jamais vu un mâle de son entourage aller plus loin qu'un coup de déo et une grande claque d'eau de toilette après le rasage.
Pifométrique. C'est pourquoi l'auteure de ces lignes est tombée de l'armoire en découvrant les chiffres de la première étude européenne sur «les rituels de soins des hommes» effectuée par Gillette auprès de 12 000 personnes environ dans 12 pays (1). Ce travail surprenant, que Libération offre en exclusivité, a interrogé pour moitié hommes certes, mais aussi femmes, tant il est vrai qu'elles sont concernées aussi bien par les pratiques de ces messieurs que par le résultat. Et certains chiffres laissent pantois. Evacuons d'abord les plus attendus. Que 88 % des hommes seulement utilisent un rasoir paraît peu. Même les barbus, à notre connaissance, touchent de temps en temps une lame pour que leur figure n'évoque pas trop l'homme des bois. Mais bon, 8 % à l'autre bout de l'échantillon déclarent ne jamais se raser, et en rajoutant les menteurs, ça colle avec l