L'Innocente. Lucie Ceccaldi. Scali. 413 pp., 19,90 euros.
A83 ans Lucie Ceccaldi, la maman de Michel Houellebecq, publie un règlement de comptes autobiographique. Elle est colère : son auteur de fils, dans son manifeste les Particules élémentaires, donnait à la mère du héros le vrai nom de la sienne. Le portrait n'était pas flatteur : une hippie dégénérée, nombriliste, préférant se consacrer à l'ouverture de ses chakras et à ses amants qu'à son enfant.
Si le sang de Lucie Ceccaldi n'a à l'époque fait qu'un tour («J'ai flippé, je voulais aller chez Flammarion pour tout casser et lui péter la gueule»), il aura mis dix ans pour monter au cerveau. Un peu aidé dans ce trajet tortueux par Denis Demonpion, l'auteur de la bio non autorisée de Houellebecq. Lors de son enquête, le journaliste se serait lié d'amitié avec la vieille dame, qu'il a «encouragée» à écrire ses mémoires. Il a révisé le manuscrit et choisi l'éditeur. «J'ai trouvé sa vie passionnante !» Engagée très tôt communiste, accoucheuse-anesthésiste, anticolonialiste-alpiniste- baroudeuse, Ceccaldi n'est de fait pas n'importe qui. Pourtant, si elle a trouvé éditeur, ce n'est sans doute pas pour ses qualités littéraires (la narration est un inventaire décousu d'expériences, de voyages), mais sur le nom vendeur du fils. Le client lira Ceccaldi pour Houellebecq, comme l'invite à le faire le bandeau aguicheur («Lucie Ceccaldi est la mère de Michel Houellebecq. Voici les clés de l'oeuvre de son fi