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Libération
Reportage

Champignons Chinois

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Au pays de la démesure, les villes croissent au même rythme que l’économie. De manière effrénée et souvent sauvage, entre chaos de tours, destructions de trésors patrimoniaux et rares velléités de maîtrise. Avant une exposition sur ce thème à la Cité de l’architecture à Paris, visite de quatre « modèles » urbains chinois : Chongqing, Suzhou, Shanghai et Qingpu.
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publié le 10 mai 2008 à 3h27

Envoyée spéciale en Chine

Chongqing les tours infernales Surnommée la Manhattan des montagnes, c’est la ville de tous les excès. Près du gigantesque barrage des Trois-Gorges, celle qui n’était, il y a vingt ans, qu’une ville moyenne de province, est devenue une mégalopole de 32 millions d’habitants qui ne cesse de grossir. Chongqinq, ancienne capitale du Sechuan, dite « double allégresse », ou « double chance », vous tombe dessus comme un cauchemar. Un brouillard dense recouvre l’immense mégalopole. Celle que l’on surnomme la Manhattan des montagnes, ville sans soleil et sans ciel, une des plus polluées de la planète, apparaît comme un mirage inquiétant. Cette conurbation en construction permanente peut se décrire à tous les superlatifs. Camp retranché pendant la guerre avec les Japonais, Chongqinq fut la ville la plus bombardée de Chine. Laissée pour compte par la République populaire, puis propulsée dans une accélération conquérante depuis 1992 quand elle s’ouvre aux investisseurs étrangers, cette ville province rassemble aujourd’hui près de 32 millions d’habitants et s’étend sur 82 300 km2 (six fois Pékin). Cette monstresse, a été arrachée au Sechuan en 1997 et décrétée municipalité autonome par le gouvernement central. Sera-t-elle la plus grande mégalopole chinoise, porte stratégique, industrielle et touristique de l’Ouest ? Populations déplacées. Située au confluent du Yangzi – qui relie le Tibet à Shanghai – et de son affluent le Jialing, elle est la ville de transit po