Ça commence dans Paris-Match avec cette image idyllique de famille recomposée et heureuse, dans l’appartement design du tout nouveau ministère des Finances. Pour un peu, petit Louis jouerait sous le bureau de son papa pas encore président, comme dans un autre temps et dans un autre lieu, petit John jouait sous le bureau de grand John, président des Etats-Unis. Ça continue à l’Elysée, le jour de sa prise de fonction, quand il embrasse une Cécilia qui n’ose pas se dérober mais dont on sent bien qu’elle n’aime pas être là, ni jouer le rôle qui lui est imparti. Ça se termine à Petra, au bras d’une autre, avec un autre enfant sur les épaules, au milieu d’une nuée de journalistes. Il sourit. Il ne voit pas ou ne veut pas voir que l’enfant, épouvanté, se cache les yeux pour ne pas être là… En quelques flashs, le papa idéal devient le Roi des Aulnes, l’ogre dévorateur de l’innocence enfantine et le cœur des Français se retourne, en même temps que sa popularité chute. La fascination conjugue le désir et le dégoût. Il faut souvent que tout aille trop loin pour que l’autre trouve la force de s’opposer et de s’arracher à l’emprise. C’est ce que ressent cette patiente qui me confie son impossibilité à détourner son regard des photos de l’épopée présidentielle, qui traque le moindre geste, le détail le plus infime, cherchant à débusquer une expression qui pourrait enfin la délivrer : qui est-il, à quoi pense-t-il « vraiment », « si seulement je pouvais être dans sa tête po
L’exhibition du bon plaisir
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par Serge Hefez
publié le 10 mai 2008 à 3h26
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