Il y a cette figure diaphane, cette peau presque blanche, ces yeux très bleus. Et souvent, troublant la surface apparemment lisse du visage, il y a des soubresauts de brusquerie, de franchise, de rires tonitruants, de candeur. On pourrait également introduire le sujet ainsi : il y a des interviews formatées, il y a parfois des interviews intéressantes, et il y a l’expérience Marie-Josée Croze.
Elle est cette actrice qui remporta le prix d’interprétation féminine à Cannes en 2003, pour un rôle de junkie dans le film râleur et bavard de Denys Arcand, Les Invasions barbares. On l’a vue ensuite dans une dizaine de longs métrages français et internationaux, parmi lesquels le tout juste sorti Deux jours à tuer, de Jean Becker, Mensonges et trahisons de Laurent Tirard, Le Scaphandre et le papillon de Julian Schnabel, ou Munich de Steven Spielberg. Marie-Josée Croze, 38 ans, une Canadienne habitant Paris, possédant un chien bâtard appelé Valentin dont elle montre les photos sur son iPhone, adorant Françoise Sagan mais ne connaissant pas Francis Scott Fitzgerald, écoutant Hank Williams ou Johnny Cash et aimant s’habiller en Chanel quand il s’agit de faire grand genre, est une fille agitée. Dans le bon sens du terme ; traversée par la vie, par le désir. On pourrait également la qualifier d’hystérique, après l’avoir vue, à la terrasse d’un bistrot où se déroulait cette interview, manquer d’agresser physiquement un type bien plus grand que ses 165 cm parce qu’il l’avait insultée, traitée