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Libération
Critique

La magie Rousse

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publié le 16 mai 2008 à 3h28

«L'architecture est la condition première et préalable à mon travail. Sans elle et sans cette mémoire ultime de l'architecture que je souhaite conserver, mon oeuvre n'existerait pas.» Georges Rousse annonce d'emblée la couleur, et c'est sans doute là sa grandeur, cette façon de ne pas tirer la couverture à lui, alors que son travail, aujourd'hui accroché dans deux lieux parisiens, est si subtil. Rien n'échappe à cet artiste nomade (né à Paris en 1947) qui prend possession d'un lieu, à Madrid, à Casablanca ou n'importe où dans le monde, et le transforme intuitivement jusqu'à sa proposition finale : la photographie, présentée en deux formats, 125 x 160 cm ou 180 x 230 cm.

Se retrouver face à ces photographies est une expérience en soi. Il n'y a aucun homme, pas le moindre animal, aucune respiration à laquelle s'accrocher. Même pas de boussole temporelle, ou d'échelle. Il y a un temps d'adaptation, ou plutôt de mystère, car l'on ne sait jamais où l'on est vraiment. Ce qui ne veut pas dire que l'on est perdu, bien au contraire, nul mieux que Georges Rousse n'arrive à donner l'idée précise d'un espace. Cage d'escalier, hangar, bureau, musée, monument historique, vieille cabane vouée à la démolition, il incarne l'esprit du lieu. Ce qu'il fait, pour chaque installation, a pourtant l'air aussi simple qu'un jeu d'enfant : un dessin, un carré de noir, un mot inscrit en lettres capitales, un cercle rouge sang, mais quelle magie ! Son secret ? Il construit des ponts entre les imag