Menu
Libération
Critique

«Sx.rx.Rx», les maux pour se dire

Article réservé aux abonnés
publié le 21 mai 2008 à 3h32

Sx.rx.Rx au lieu de garder le silence, j'ai voixé est, ainsi que son titre le laisse supposer, une vraie curiosité. Un défi d'acteur et un objet scénique d'une maîtrise remarquable s'agissant d'une première mise en scène. Il faut dire que Patricia Allio, qui a créé la première version du spectacle à la Fondation Cartier il y a deux ans, l'a testé sur d'autres scènes avant celle du théâtre de la Bastille : au festival Mettre en scène à Rennes, puis au Kunstenfestivaldesarts à Bruxelles. La jeune femme, qui vient de la philosophie, a depuis signé d'autres spectacles.

Sx.rx.Rx au lieu de garder le silence, j'ai voixé exploite les «écrits bruts» de Samuel Daiber, artiste suisse né en 1901 qui passa le plus clair de son existence interné en hôpital psychiatrique. Dans ses lettres écrites entre 1954 et 1966, l'auteur réclame la liberté et la plus élémentaire des dignités. Cri de révolte et de désespoir face à l'ordre des blouses blanches, Sx.rx.Rx est surtout le lieu d'invention d'une langue nouvelle qui se construit à mesure qu'elle tente de dire, se met à déborder ad libitum, à se déformer, occasionnant ainsi de jolis accidents, «fourchement» de langue et lapsus poétiques, ainsi lorsque «personnalité» devient «personne agitée».A force d'être répétées, ces lettres, «sx.rx.rx», en deviennent presque un chant - avant de se manifester en tant que sens. Autrement dit, il faut lâcher prise et se laisser bercer par la musique des mots.

Le travail