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Libération
Critique

Hors-pistes à Bruxelles

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publié le 27 mai 2008 à 3h37

Envoyée spéciale à Bruxelles

Prendre un thé à Calcutta, un americano à Tokyo et, suivre la lente agonie d'un cafard à Buenos Aires, en une seule journée ? A Bruxelles, c'est possible. A condition de se prêter au formidable jeu de pistes initié une nouvelle fois par l'équipe du Kunstenfestivaldesarts dans tous les quartiers de la ville (Libération du 22 avril).

«Souptic». C'est là que, après Berlin, le facétieux trio de Rimini Protokoll invite les spectateurs à converser avec les opérateurs de Call cutta in a box. Ou plutôt le spectateur, puisque l'expérience se vit en solo. A l'heure dite, on pénètre dans un bureau dont le mobilier faussement cossu tranche avec l'aspect gris soviet du lieu. Un canapé, un nécessaire à thé sur une table basse. On s'installe, on attend. Le téléphone posé sur le bureau sonne. C'est parti pour quarante minutes de conversation en anglais avec un individu à l'accent du bout du monde. «Souptic Chakraborty from Calcutta». Un jeune employé d'un call center en Inde, ces boîtes où des centaines d'opérateurs sous pression assurent le service après-vente d'une grosse firme ou enregistrent des commandes de pizzas. Cette fois, l'opérateur parle en son nom et n'a rien n'a d'autre à proposer qu'une simple relation téléphonique où l'imaginaire et le spectateur jouent un rôle important. Le déplacement de ce contexte socio-économique, où d'ordinaire prévaut l'anonymat, vers l'espace intime d'une conversation amicale met d'autant plus en éviden