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Critique

Riccardo Muti, religieusement

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publié le 29 mai 2008 à 3h39

Il est de ceux à qui la Basilique des Rois de Saint-Denis va comme un gant. Le chef Riccardo Muti, 67 ans en juillet, est un de ces lions dont les interprétations sont trempées dans une idée majestueuse du classicisme. C'est à ce titre que le Philharmonique de Vienne enregistra avec lui une intégrale des symphonies de Schubert et l'invita quatre fois à diriger le Concert du Nouvel An au Musikverein. Certains, telle la Scala de Milan qu'il a dirigée dix-neuf ans, le taxent de conservatisme. Nous-mêmes, à Salzbourg, avons tiqué sur tel Mozart aux phrases trop galbées. Le chef napolitain ne fait pas moins impression chaque fois qu'il dirige l'Orchestre national de France à Paris ou le Chicago Symphony Orchestra dont il sera chef permanent en 2010. En attendant, il ouvre le festival de Saint-Denis avec un programme sacré servi par d'excellents vocalistes dont la mezzo Elina Garança, le ténor Topi Lehtipuu et la basse Luca Pisaroni.

De Paisiello à Bruckner ou Pergolèse, Muti a un faible pour le répertoire religieux, dont les messes de Schubert. Il a choisi ce soir la dernière, la D950, qu'il qualifie de «plus sévère et austère des six». Celle qui dès le «Kyrie» inaugural écrase l'auditeur de sa puissance architecturale et convoque la référence à Beethoven. Mais aussi celle qui le temps du «Sanctus», rappelle «l'influence des compositeurs italiens et de Rossini en particulier» sur ce maître du contrepoint qu'était Schubert. On s'en rendra d'autant compte que