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Libération
Critique

Victor Demé, un chant loin des discothèques

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publié le 29 mai 2008 à 3h39

«Pour être français, il faut être franc», répétait Victor Demé, hilare, en concert parisien la semaine passée à l'Européen. Vedette au Burkina, ce petit monsieur de 46 ans se déplaçait pour la première fois en France, avec un premier album de douze chansons à la guitare.

Rizière. Ancien du Super Mandé d'Abdoulaye Diabaté en Côte-d'Ivoire, du Suprême Comenba de Ouagadougou, Demé était retourné depuis à la rizière de grand-père, jusqu'à ce que quatre Français décident d'enregistrer ses mélodies. Soit Camille, qui a ouvert il y a cinq ans un studio, le Ouagajungle ; David Comelias, journaliste à Radio Nova et Vibrations, et les deux compères de Makasound habitués des Jamaïcains, dans la cour d'Earl «Chinna» Smith, pour la série Inna De Yard : «Ce que j'ai aimé avec ces Français, confie Victor Demé, c'est qu'ils ne m'ont pas fait miroiter monts et merveilles. Ils m'ont dit que les choses étaient dures, qu'on y allait doucement mais sûrement.»

Dans sa prime jeunesse, Victor Demé aurait déjà pu décoller, lorsqu'il remporta le concours du Centre culturel français, en 1989. Le premier prix était un aller-retour Ouagadougou-Paris, mais il a choisi le second : une mobylette. «Je ne me sentais pas prêt à servir la France, dit ce petit-fils de tirailleur. Et puis, je voyais plus l'utilité d'une mobylette, ma petite soeur en avait besoin et je pouvais la prêter aux amis.»

Victor Demé, né à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), part avec sa mère griote rejo