C'est une croix du XIIe siècle, sculptée dans l'ivoire, et c'est un miracle. Volée il y a un quart de siècle, elle a été récupérée dans un sac plastique mercredi, par le colonel Pierre Tabel, de l'office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC). Il a dans le mouvement arrêté, quai Voltaire, la porteuse du sac, une petite brune quadragénaire qui avait proposé ce trésor de quelques millions d'euros à un antiquaire.
Ce dernier avait vite eu des doutes quand on était venu lui offrir ce bien précieux, si sommairement emballé, pour 200 000 ou 300 000 euros. Alertée, l'OCBC n'a pas trouvé d'équivalent sur sa base de données de quelque 73 000 clichés d'oeuvres volées en France et à l'étranger ; et l'affaire eût pu en rester là.
Chance. Seulement, la dame avait confié au marchand que la sculpture était d'origine italienne. Par précaution, l'OCBC a contacté à Rome les carabinieri chargés de la protection du patrimoine. La réponse ne s'est pas fait attendre : le crucifix faisait partie du trésor liturgique dérobé en 1983 dans la cathédrale Saint-Sabin de Canosa, une des plus vieilles églises des Pouilles. L'enquête a été relancée en Italie, tandis que la passeuse était placée en détention à Paris. Les enquêteurs ont eu de la chance, mais nul ne sait depuis quand cet ivoire tournait sur le marché.
La France est ainsi en passe de récupérer la crosse épiscopale de saint Loup, en ivoire, volée en 1993 avec tout le trésor de la cathédrale de Chalon-sur-Saône. Il a fal