C’est l’histoire d’un regard éclair posé sur deux femmes dans un aéroport de la péninsule arabique. En transit à Doha au Qatar, le photographe de mode Jean-Baptiste Mondino tombe en arrêt devant deux silhouettes totalement masquées par une abaya, ce vêtement qui ne laisse entrevoir que le regard des femmes. « J’ai vu ces deux filles habillées de noir, portant sac et chaussures haute couture, et je les ai trouvées extrêmement élégantes. Pour la première fois de ma vie, je les ai regardées autrement et j’ai apprécié leur beauté. » Le trouble naît. « Comment pouvais-je considérer comme attirante cette image passablement effrayante de femmes qui ne semblent pas libres et dont le corps est enfermé ? » Malgré tout, la confusion persiste. « Accompagnées d’un jeune homme habillé de blanc, elles riaient et semblaient joyeuses. En dépit de l’opacité du vêtement, on sentait l’harmonie du corps et sa jeunesse. J’imaginais beaucoup de choses. » Dans l’aéroport bondé de touristes en short et baskets, elles sont les plus stylées. « Leur vêtement était parfaitement coupé, rappelant une élégance Saint Laurent. Entre notre pseudo-liberté sexuelle et la nudité trop galvaudée dans nos sociétés, peut-être un autre chic tout en retenue se dessinait-il là ? Mon regard se faisait moins machiavélique. » Habit officiel. La série photos que Jean-Baptiste Mondino a signée retranscrit ce trouble. Il ne s’agit pas d’affirmer que l’allure de demain passera par l’abaya ni de cautionner la situation des fem
Féminité (dé)voilée
Article réservé aux abonnés
par Cécile Daumas
publié le 7 juin 2008 à 3h42
Dans la même rubrique