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Libération
Interview

« Le luxe flashy finira par lasser »

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Mondialisation, croissance, consommation, Patrick Thomas, gérant du groupe Hermès, analyse les évolutions d’un univers en expansion, celui des grandes marques.
publié le 7 juin 2008 à 3h42

Depuis dix ans, l’industrie du luxe a connu une croissance sans faille. Toujours plus visible, multipliant les nouveautés et les ouvertures de boutique, elle a surfé sur la mondialisation au risque de s’éloigner de sa définition d'origine. Patrick Thomas, gérant du groupe Hermès, parie que la discrétion raffinée l’emportera, à terme, sur la culture du logo. D’un créneau élitiste et confidentiel, l'industrie du luxe est passée à un marché planétaire. Quelles sont les limites de cette stratégie de «massification» ? Patrick Thomas. La segmentation se fera entre deux types de marque : celles qui choisissent le luxe, au sens où on l’entend aujourd’hui, et celles qui resteront fidèles à leur métier d’origine et privilégieront la qualité. Et les premières iront de plus en plus vers des produits de grande consommation. Personnellement, je crois plus aux stratégies de valeur qu’aux stratégies de volume. Sous la pression financière, le luxe retombe dans ce paradoxe bien connu : plus vous êtes désirable, plus vous grossissez ... Et plus vous grossissez, moins vous êtes désirable. C’est un cercle vicieux. Vous avez des solutions pour en sortir ? La première est d’apporter plus d’exigence dans la qualité, plus d’audace dans la créativité. La seconde, c’est d’offrir une gamme extrêmement variée. La troisième piste, c’est de couvrir de nouveaux territoires et de nouveaux produits. Il y a cinquante ans, notre gamme était moins large. L’art de la table et l’horlogerie sont arrivés ensuite