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Tatiana Trouvé, circuits éclectiques

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Lauréate du prix Marcel Duchamp 2007, elle est l’une des figures de l’art contemporain. Architecte de son propre intérieur, elle construit un monde énigmatique et sensible, tordant les repères du temps et de l’espace. Rencontre avant son exposition à Beaubourg.
publié le 7 juin 2008 à 3h42
(mis à jour le 7 juin 2008 à 3h42)

Pénétrer dans l’univers de Tatiana Trouvé, c’est effectuer un voyage où l’espace et le temps ne répondent plus aux commandes habituelles. Cela commence, très concrètement, par la visite de son atelier. Planqué à l’étage d’un entrepôt de banlieue parisienne, il est impossible à trouver, même muni des explications les plus détaillées. Entre la ligne ferroviaire qui mène vers le nord de Paris et le canal de l’Ourcq, près des grands Moulins de Pantin éventrés de travaux pour accueillir prochainement des employés de banque, un rond-point conduit à l’entrée d’une cité manufacturière. On doit venir vous y chercher. Des routes pavées se perdent entre des bâtiments de stockage pour transporteur routier et grande enseigne de bricolage. On saute une flaque d’eau, on passe une plate-forme de déchargement, on traverse un hangar rempli de climatiseurs, puis un anonyme escalier conduit à l’étage. « Je suis très dépendante de mon atelier, explique Tatiana Trouvé. Sans ce lieu, je ne pourrais pas travailler. » A ses pieds, un molosse à la tête sympathique - elle a toujours vécu avec des chiens - ne la quitte pas des yeux. Elle, en ample jogging de velours, semble habiter ici. L’espace fuit tout en longueur, d’immenses fenêtres s’ouvrant sur un paysage brouillé de pavillons et d’entrepôts. Comme chez un menuisier, des pièces de bois se dressent contre le mur. Comme chez un plombier, des tuyaux attendent d’être travaillés. Un iPod est prêt à diffuser de la musique, un Apple à écran plat stocke