Menu
Libération
Vive la culture !

Le marché est-il l'ennemi de la culture ?

Article réservé aux abonnés
Débat animé par Gérard Lefort
par
publié le 13 juin 2008 à 3h51

Laurent Bayle

Directeur de la Cité de la musique et de la salle Pleyel à Paris

La culture oscille en permanence entre les sphères marchande et non-marchande. La porosité est forte, même si aujourd'hui l'équilibre semble rompu car les biens circulent à l'échelle mondiale. Aucun secteur d'activité ne paraît en mesure de résister à la globalisation. Cette intensification des échanges semble favoriser une production culturelle foisonnante, mais la diversité apparente qui en découle est, dans la pratique, largement contrariée par une tendance à l'uniformisation. De grandes majors ont transformé l'organisation traditionnelle en contrôlant toute la chaîne, de la conception à la diffusion. Une telle concentration favorise une standardisation des biens culturels produits selon des méthodes industrielles et alimente une crise au coeur de l'économie traditionnelle de la culture, notamment les beaux-arts et les spectacles vivants. Si la volonté d'accompagner les bouleversements liés à la globalisation devait tout emporter, il se pourrait donc que le marché accélère la transition d'un monde des civilisations isolées à un monde unique, où la mise en place d'un nouveau modèle culturel trouverait sa légitimité dans une nécessaire uniformisation des comportements, au nom de l'avènement d'une prétendue communauté mondiale. Face à ce danger, la mise en place d'une stratégie reposant sur la seule dénonciation du péril marchand est-elle la mieux à même de