Patrick Bloche
Député de Paris
La bohème comme moteur de la création est un mythe qui a la vie longue, bien qu'il semble bien désuet dans notre société. Pourtant, si l'on veut que la culture soit traitée à la hauteur des enjeux les plus actuels, il y a mille choses à améliorer dans les conditions et les statuts de ceux qui travaillent dans tous les secteurs culturels. Il faut en finir avec l'artiste maudit, vivant misérablement et couronné de gloire post-mortem. Il faut aussi en finir avec les gentils stagiaires surdiplômés payés au Smic. «Car c'est si intéressant de travailler dans la culture et que, vous savez, il y en a des milliers comme vous qui attendent.»
Plus diplômé et plus précaire, tel est le plus souvent le salarié de la culture. On a encore vu récemment combien il était difficile de maintenir le régime spécifique d'assurance-chômage des intermittents du spectacle pourtant adapté aux réalités de leurs professions. Il reste que les annexes VIII et X ne concernent pas tous les artistes. Les plasticiens, les sculpteurs, les photographes, la plupart des auteurs et nombre d'acteurs culturels ne sont pas concernés par ce régime : ils ont un statut d'indépendants. Pour trop d'artistes, c'est souvent l'absence de protection sociale élémentaire qui est la règle, notamment quand le niveau de vie dépend directement de la cession, aussi incertaine qu'irrégulière, des droits afférents à leurs oeuvres. Il y a beaucoup à faire pour dépréc