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Libération
Critique

Les côtes françaises en vues

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publié le 17 juin 2008 à 3h55

Depuis plus de vingt ans, le Conservatoire du littoral envoie des photographes au bord de la mer pour voir s'ils peuvent en rapporter autre chose que des coups de soleil. Principe : un photographe, un lieu, une vision. Résultat : sept cents images à ce jour, allant des pins méditerranéens jusqu'aux dunes de la mer du Nord. A la BNF est présentée, jusqu'à la fin du mois, une sélection de quatre-vingts clichés côtiers pris par neuf grands noms de la photo - de Depardon à Koudelka ou Gruyaert.

On y trouvera non pas un avant-goût des vacances (quoique), mais un exercice stimulant : voir comment neuf individualités se sont débrouillées avec leurs armes propres pour rendre compte de cette discontinuité absolue qu'est un littoral. Que se passe-t-il à l'interface terre-mer, comment le saisir ? Combien de terre, combien de mer, dans l'image ? Et combien de ciel ? Les réponses sont toutes différentes évidemment, d'abord parce que les lieux eux-mêmes, de l'anse de Paulilles (Pyrénées-Orientales) à la baie de Canche (Pas-de-Calais), ont leur âme singulière. Ensuite parce que l'expo donne à voir un large éventail de techniques photographiques.

Travail le plus récent (2007 et 2008) et parmi les plus convaincants : Michael Kenna a rapporté des îles Chausey (Manche) des moyens formats en noir et blanc où l'archipel montre un profil fantomatique. Il y a beaucoup d'images de nuit, avec des temps de pose très longs. Du coup, la surface de la mer se retrouve comme lissée, transformée en brume,