C'est un détournement spontané et populaire. L'intrusion de la lingerie dans le prêt-à-porter, qu'il s'agisse du caraco raffiné ou du maillot de corps, a véritablement démarré grâce aux ados. Ce sont eux qui ont donné le pli de laisser voir la marque élastiquée de leur caleçon, généralement Calvin Klein, au-dessus du jean taillé très bas. Le phénomène s'est propagé à la fille qui a commencé à montrer la bretelle du soutien-gorge. Aujourd'hui, elle porte la lingerie à même la rue dans les limites du décent.
Les fabricants ne souhaitaient pas spécialement encourager les femmes à gambader à demi-nues en dignes héritières de Lady Godiva, mais elles se sont déshabillées toutes seules. «Il y a eu une désobéissance de la cliente, détaille Laure Arnold, de la marque Princesse Tamtam. Alors qu'on catégorisait strictement les vêtements, elle s'est mise à composer d'elle-même, à porter le caraco sur une jupe et à miser sur la superposition. Pour une marque de lingerie, il est vrai qu'il est toujours étrange de se voir ainsi au grand jour.»
Aucun risque de confusion pourtant. Le sous-vêtement fait parfaitement illusion en vêtement. Petit Bateau s'est vivement relancé grâce à ces détournements et a vu ses nuisettes opportunément portées comme robes de plage ou tuniques au-dessus d'un jean. «Jusqu'à la fin des années 80, les tailles enfants allaient de 0 à 18 ans, se rappelle Philippe Berlan. Nous nous sommes rendus compte que nos tailles 18 ans