The Salvation Hunters (les Chasseurs de salut, 1925), Underworld (les Nuits de Chicago, 1927), The Last Command (Crépuscule de la gloire, 1927), The Docks of New York (les Damnés de l'océan, 1928). En proposant la vision de quatre films muets de Joseph von Sternberg (1894-1969), le festival de La Rochelle semble poser la question des origines d'un cinéaste mondialement célébré pour son premier film sonore, l'aveuglant Ange bleu (1930), et l'exaltation non moins fulgurante de Marlène Dietrich. Or, surprise majeure, ni essais ni brouillons, ces films des années 20 font surgir un cinéaste accompli.
Pessimiste. Maître du cadre et surtout des arrière-plans, directeur d'acteurs hors pair, bien inspiré par ses confrères (Murnau, Griffith et Chaplin sont ses idoles) et sorcier de l'atmosphère, qu'il s'agisse de suggérer les bas-fonds d'une mégalopole américaine (Underworld), ceux d'un port de commerce «comme tous les ports du monde», c'est-à-dire sordide (The Salvation Hunters), ou les coulisses crapoteuses d'un studio hollywoodien (The Last Command). Dès les années 20, Sternberg ne balbutie ni ne s'entraîne, il est déjà le champion d'une sidérante mélancolie filmée. Attisée par une vision plus que pessimiste du genre humain (canailles, gouapes et lâches sont ses héros) et surtout par son obsession de la femme, figure plus fataliste que fatale.
Cherchez la femme ? Dès 1925 Sternberg l'a trouvée. Brune plus que brune, comme