Goûter un vin est affaire délicieusement embarrassante. Faut-il le déguster seul ? Au cours d'un repas ? En grignotant une poignée d'amuse-gueules ?
Allez savoir pourquoi, cette fois-ci, on a eu envie d'abandonner la bouteille en bout de table, le temps de répertorier notre fond d'épicerie : une boîte de pois chiches, de la crème de sésame, un citron, de l'huile d'olive. Et si on se confectionnait un peu de hommos pour accompagner le château Thuron 2001 qui va bientôt prendre l'air lors d'une causette apéritive ?
Au nez déjà, le château Thuron est un bouquet chaleureux d'épices (muscade, girofle) qui exalte les meilleures intentions de son vigneron, Jean-Pierre Lallement.
Dans une autre vie, il était fonctionnaire mais il n'entendait rien au travail de la vigne et à l'élaboration des vins de la propriété familiale. Cueillez-le à froid un lundi matin et vous comprendrez pourquoi il a sauté le pas en 1992 : «J'ai beaucoup lu, beaucoup regardé travailler les autres», dit-il, avant de vous emporter sur les graves, ces terrains de cailloux ronds où il a replanté merlot, cabernet sauvignon et cabernet franc. La vigne y plonge ses racines très profondes pour puiser sa minéralité dans les argiles, les galets, la grave ferrugineuse.
A l'air libre, elle se chauffe la nuit au contact des cailloux qui restituent les calories du jour.
«Cela confère une excellente maturité au raisin», dit le vigneron qui ne s'écarte jamais de son postulat : «La vigne a besoin de terrains pauv