C'est drôle, quand même, la façon dont les objets survivent au temps qui passe. Prenez le couteau de poche : il devrait être mort. A quoi peut servir un couteau qu'on replie et qu'on garde sur soi quand on vous en fournit un propre à chaque repas et que tous les outils qu'il remplace, on les possède par ailleurs ? A rien, semble-t-il.
Pourtant, autour de nous, on en voit plein, des messieurs qui adorent ce petit objet. Souvent, ils sont intransigeants, un peu sectaires sur les bords, à n'aimer que le Laguiole, l'Opinel ou le Nontron. Il y a des femmes aussi, qui adorent les modèles de dame à petites lames qui traînent au fond d'un sac à main. Tous ces gens ont des adresses mail et une vie moderne. Mais, comme dit Jean-Pierre Mijoulle, de la Maison du Laguiole à Laguiole, les citadins apprécient. «Quand on fait des marchés de Noël dans les villes, on a des clients qui nous attendent.» Le couteau de poche, objet de la paysannerie traditionnelle qui évoque une époque passée et des pratiques révolues, survit aux changements des modes de vie.
Nostalgie. Antoine Rossignol, directeur d'Opinel, s'en étonne à peine. «On est dans un univers de passion», dit-il. Peu importe qu'on ait ou pas l'utilité immédiate de l'outil. Ce qui compte, c'est ça : «A l'âge de sept ou huit ans, c'était presque le premier objet qu'un grand-père , un oncle ou un parrain pouvait vous remettre parce que vous étiez un petit homme. Très vite, on se coupait, poursuit-il, mais ce n'était p