Après les camionneurs bulgares et les téléphonistes indiens, le Suisse Stefan Kaegi, qui puise la matière de ses spectacles dans la réalité mondialisée, s'intéresse aux «airport kids». Autrement dit ces gosses en perpétuel transit, qui vont d'écoles internationales en écoles internationales, au gré des mutations de leurs parents ; nouveaux spécimens de nomades, hyperadaptables, polyglottes, n'ayant qu'une vague idée de leur pays d'origine, et rêvant de duty free.
Pour l'occasion, Kaegi a momentanément quitté ses amis du groupe Rimini Protokoll pour réaliser avec l'auteure argentine Lola Arias un spectacle à mi-chemin entre le documentaire et la fiction. Ensemble ils ont mené des ateliers à Lausanne avec des enfants de 8 à 14 ans de toutes origines, à partir de leurs histoires.
Privilégiés. La grande qualité du spectacle, c'est l'énergie qui s'en dégage, en l'absence de tout angélisme. Dans le genre très casse-gueule du spectacle avec enfants, le duo réussit la prouesse de leur laisser entièrement le plateau - il n'y a aucune utilisation de quiconque - sans que cela parte dans tous les sens.
Dans le gymnase du lycée Mistral d'Avignon, l'empilement de caissons d'aluminium et les appareils de levage plantent le décor d'un hangar à marchandises en attente d'embarquement. Placé sous surveillance de caméras vidéo, le décor tient aussi du jeu de construction.
Bribes de futur. Dans chacun de ces containers, arrangés par chacun comme autant de jardins secrets, Oussama, Julien, Kri