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Libération
Critique

«Sonia», plus vraie que nature

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publié le 8 juillet 2008 à 4h13

Une curiosité, cette Sonia. Et qui pourrait bien sentir la naphtaline, si l'on s'en tenait au décor. Rien ne manque à cette reconstitution confondante de réalisme d'un intérieur moscovite années 30 : la cuisinière à bois, les napperons, la vaisselle soigneusement rangée dans le buffet de bois sombre, l'exiguïté des lieux. Jusqu'à la pendule qui marque la durée exacte de la représentation. Le metteur en scène letton Alvis Hermanis, dont on avait pu voir un Revizor un peu tiède il y a quelques années à la Rose des vents de Villeneuve-d'Ascq, est un obsédé de la vérité au théâtre. Dans le genre, il n'a pas mégoté. Bas sur le visage et façons de malfrats, les acteurs entrent comme par effraction. Ainsi s'emparent-ils de la nouvelle de Tatiana Tolstaïa. Trois coups de cuillère dans le pot de confiture, un oeil indiscret dans l'album de photos et les voilà qui s'empoignent. L'un se saisissant de son corpulent acolyte pour le métamorphoser en ménagère à bigoudis.

Cette naissance du personnage, droit sorti de l'armoire à souvenirs, offre l'un des plus beaux moments du spectacle. «Il était une fois un être humain». Ainsi débute le texte. Pas un mot ne sera échangé entre les deux interprètes, qui s'inscrivent visiblement dans deux réalités différentes. L'un jouant le personnage solitaire de Sonia, en une pantomime lente et minutieuse dont l'autre se fait le narrateur. On ne peut que saluer la performance muette de Gundar Abolins, dont les gestes sont aussi délicats que sa