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Libération
Critique

Les arabesques sonores de Leila

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publié le 5 août 2008 à 4h31

Huit ans d'absence et revoici Leila Arab, fée maléfique de l'electronica du début de siècle, qui, au début de l'été, a enfin donné une suite à ses deux curieux albums sortis en 1998 (Like Weather) et 2000 (Courtesy of Choice) : Blood, Looms and Blooms est un disque gracieux malgré son amour de l'exagération.

Retrouvée sur le toit ensoleillé de son hôtel de Barcelone, au lendemain d'un concert bancal au festival Sónar, la musicienne née en Iran, installée à Londres depuis vingt-cinq ans, est toujours apatride. «Je n'ai pas fait les démarches pour avoir un foutu passeport britannique, précise-t-elle. En même temps, c'est pas le truc le plus cool du monde, de ne pas avoir de pays ?»

La productrice, qui a choisi «la console de mixage comme instrument», raconte très sérieusement comment son troisième disque l'a accompagnée pendant huit ans dans le quotidien d'une vie familiale endeuillée. Un clan à l'histoire déjà agitée, qui a quitté l'Iran en 1979, en pleine révolution islamique. «Juste après mon deuxième disque, ma mère et mon père sont morts en l'espace d'un an et demi. J'ai complètement perdu pied. Je ne sortais plus. Dans tout ça, la musique ne voulait plus rien dire. Ce sont des choses qui arrivent à tout le monde, mais nous, après l'exil, nous étions comme une petite armée. Les deux généraux nous ont laissés seuls, moi, mes frères et mes soeurs.»

Pendant «ces années qui sont passées très vite», Leila a continué de travailler