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Libération

L'affaire de la pendule

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publié le 6 août 2008 à 4h32

Prêter une oeuvre d'art pour une exposition et la voir revenir cassée est désagréable. Quand il s'agit d'une création Fabergé, le joaillier de la Russie impériale, le désagrément peut être assez vif. Et un tel incident peut tourner au cauchemar, si organisateurs, transporteurs, assureurs et experts se renvoient la balle. En 2000, Michel Kamidian a prêté une collection russe à un opérateur privé, qui montait une exposition à Wilmington (Delaware, Etats-Unis). Le fleuron en était une pendule en néphrite ornée de fleurs de Carl Fabergé, assurée 3 millions d'euros. Transport et assurance étaient pris en charge par l'organisateur, la société Broughton, qui se mit en faillite l'exposition bouclée. Mal emballée, la pendule est arrivée ayant perdu un bouton de fleur.

Au vernissage, ni l'organisateur ni les commissaires, Alexander von Solodkoff et Geza von Habsburg, n'eurent la courtoisie d'en informer le collectionneur. Il ne le sut que plus tard, quand il fallut alerter l'assureur. La pendule fut renvoyée à Londres, encore plus mal empaquetée. A l'arrivée, deux tiges du bouquet en vermeil étaient cassées. Les organisateurs voulaient bien assumer la restauration, mais le propriétaire avait de bonnes raisons d'estimer que son oeuvre avait perdu de sa valeur. Là, c'est devenu franchement compliqué. Les commissaires, qui l'avaient présentée comme «de Fabergé», furent soudain pris de doute. Après tout, n'avait-elle pas été achetée à prix modeste chez Sotheby's en 1991 comme seulem