L'Argent Frac Ile-de-France, le Plateau, place Hannah Arendt, 75019. Jusqu'au 17 août. Entrée libre. Rens. : 01 53 19 84 10 ou www.fracidf-leplateau.com
Touche pas au grisbi ! L'un des derniers tabous de l'art aura été l'argent. Bien après le sexe ou la dérision. Il aura fallu sans doute attendre un Warhol pour que la célébrité et son aura pécuniaire fassent partie intégrante de l'oeuvre. Avant, tout se passait comme si l'artiste, sorte de démiurge bohème, créait, ex nihilo et hors contexte économique, des chefs-d'oeuvre destinés à entrer dans les collections privées ou celles des musées nationaux.
A l'heure d'un marché de l'art mondialisé et de la spéculation artistique par les hedge funds, il n'est pas tout à fait inintéressant de revenir sur les rapports qu'entretiennent l'art, l'argent et l'économie. Dans l'exposition du Plateau tout simplement intitulée «l'Argent», les commissaires Caroline Bourgeois et Elisabeth Lebovici ont opté pour une scénographie qui prend le sujet à rebrousse-poil. C'est le contraire de l'expo bling-bling où les oeuvres sont écrasées par leur écrin luxueux.
Photocopieuse. D'abord, l'affiche volontairement tristoune : on y voit Cesare Pietroiusti s'apprêtant à ingurgiter un billet de 500 euros (la coupure dûment avalée lors d'une performance avec Paul Griffiths et restituée par les voies naturelles peut être admirée à l'exposition). On imagine que le choix d'une esthétique «pauvre» a été guidé par certaine impécuniosité. Le duo curatorial