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Libération
Critique

Trio tricolore à Locarno

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publié le 18 août 2008 à 4h39

Il existe une forme d'héroïsme spécifique au festival de Locarno. Qu'elles qu'aient été les circonstances géopolitiques depuis son baptême, il y a plus de soixante ans, il a toujours rebondi en tentant de retourner à son avantage les vents défavorables. Le cru 2008 a encore illustré cet art de la navigation entre les récifs, cette façon de faire avec plutôt que contre. On le dit par exemple menacé de pénurie en raison de sa situation estivale, entre les aspirateurs à films que sont Cannes et Venise. En fait, c'est la profusion d'un catalogue monstre qui menace d'angoisser le festivalier naïf. A Locarno, les sélections se chevauchent et les jurys se multiplient avec plus de fougue que n'importe où ailleurs, engendrant une marée de films de tous formats que tout un été helvète ne suffirait pas à écluser.

Crise d'identité. Dans sa façon de concevoir la fonction de festival, Locarno prouve aussi un talent judoka qui fait force des faiblesses : la grande crise d'identité qui secoue le cinéma mondial est ici déployée en plein vent, étalée en vrac dans tous ses états, sans exclusive ni tabou, avec le très symptomatique Moretti en vedette symbole (une rétrospective lui était dédiée) produisant une symphonie parfois grinçante, parfois cacophonique, parfois dissonante, mais sincère, probe et paradoxalement juste.

La musique aura d'ailleurs été l'un des grands thèmes résurgents de cette édition. Soit frontalement comme dans le cas saisissant de Pelléas et Melisande, le chant des aveug