Sur les terres gasconnes, sévit depuis trente et un ans une utopie transartistique qui pépie, jazzotte, clame ou swingue dans une créativité débridée : l'Hestejada de las arts d'Uzeste musical. Ce laboratoire de création artistique en plein milieu rural est le fruit de l'inventivité pétillante et perspicace du Commandeur requis de l'Ordre de la Grande Gidouille du Collège de pataphysique : Bernard Lubat. En fondant, en 1978, la Compagnie Lubat de Gasconha, en même temps que ce festival éclectique, poétique et politique, ce musicien hors normes tambourinait déjà contre l'asservissement de l'inculture généralisée. Dans le paysage estival saturé de manifestations en tous genres, celle-là est détonante, d'autant que ce festival a vu ses vivres coupées l'année dernière, pour «indiscipline» (une sorte de compliment), par le conseil général de Gironde, qui préfère jaser sur le franc-parler de l'ingénieux Lubat plutôt que de jazzer gaiement. Cette Hestejada («fête» en gascon), qui se prononce «essayade» (façons anchoïade d'essais groupés ?), prône, selon son créateur, «l'art de l'avertissement en lieu et place du divertissement».
A Luxey, au coeur d'un airial landais, zone sans arbre servant de refuge en cas d'incendie (la programmation explosive pourrait d'ailleurs en enflammer plus d'un), à Sore, au bord du petit cours d'eau, ou à Uzeste, pour le dernier jour, les trentenaires de cette facétie festive nous invitent à entrer avec eux en «résistance». Pour cette édition