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Libération

Manny Farber, le fin mot

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par Pascal GARNIER
publié le 22 août 2008 à 4h42

Manny Farber était le meilleur critique de cinéma que l'Amérique ait jamais produit. Pauline Kael était plus lue, James Agee plus coulé dans le bronze de la réputation, Andrew Sarris a fait plus de dégâts dans les petites têtes, mais Farber était le plus original, le plus américain. Et il lui a suffi d'un seul livre pour devenir le plus important : Negative Space, recueil de ses textes publiés dans des revues comme Commentary, Film Culture, et finalement The Nation,où il remplaça Agee.

Farber, qui vivait malade depuis des années à Leukadia, au nord de San Diego, est mort dimanche, à 91 ans. Il est né à Douglas, la ville frontière où Kusturica a filmé Arizona Dream, et même s'il a grandi à Berkeley et vécu à New York, ces origines dans un recoin du pays expliquent peut-être l'excentricité de Farber, tant comme peintre que comme critique.

Friandises. On retrouve sur ses toiles les friandises qu'il mangeait dans les salles de cinéma, pop-corn et barres de chocolat. Et, tout comme il est vite passé de l'abstrait à des toiles plus représentatives, avec de curieuses perspectives écrasées vues de haut, Farber était un critique qui regardait les films dans les coins.

Dana Andrews dans un saloon sautant à pieds joints sur la figure d'un vacher à terre, le tout hors-champ derrière un bout de comptoir : une brutalité désinvolte qui, pour le critique, résumait The Ox-Bow Incident et l'art de William Wellman. Manny Farber était l'esprit de contradic